«L’autre devoir qui m’a toujours habité, et qui devrait nous incomber à tous, c’est de conserver jalousement cet héritage afin de le transmettre intact, pur et inaltéré aux générations futures».
Le Musée d’art moderne et contemporain à la Cité de la culture inaugure cette nouvelle année avec une grande exposition dédiée aux deux artistes peintres Hedi et Noureddine Khayachi, sous le patronage de Nejla Bouden Romdhane, cheffe du gouvernement et la ministre des Affaires culturelles. Inauguré le 15 janvier 2023, l’événement a vu aussi la présentation et la signature d’un livre d’art réunissant les œuvres du père et du fils.
Visible durant trois mois, l’exposition met au jour une centaine de tableaux et de dessins provenant de la collection du ministère des Affaires culturelles et de collections privées, entre autres, celle de Tej El Molk Khayachi Ghorbel.
Une occasion de (re)découvrir le travail de ces deux pionniers de la peinture tunisienne, Hedi Khayachi (1882-1948) et son fils Noureddine Khayachi (1918-1987). Une aubaine aussi pour les jeunes étudiants en arts d’accéder à ces œuvres-documents qu’ils n’ont pas souvent l’occasion de voir.
Les deux artistes ont, tous deux, vécu sous la dynastie des beys husseinites dont le règne a pris fin en 1957 avec la proclamation de la première république tunisienne. Noureddine Khayachi a accompagné les premières décennies de l’indépendance. D’ailleurs c’est à lui qu’on doit l’emblème de la République tunisienne.
Père et fils ont eu des parcours similaires avec une formation artistique entre Paris et Rome. Ils se sont distingués par leurs restitutions des scènes de la vie traditionnelle et quotidienne de leurs époques et par une riche iconographie liée à la dynastie husseinite. En effet, le père était le portraitiste de la cour beylicale, connu par ses portraits grandeur nature des chefs de la dynastie régnante. Le fils fut, également, un illustre peintre, ses œuvres figurent dans la collection privée du British Museum à Londres.
Ce livre d’art est réalisé et édité par Tej El Molk Khayachi Ghorbel en hommage à son père Noureddine Khayachi et son grand-père Hedi Khayachi. «Écrire un livre sur les Khayachi, déclare-t-elle, c’est ce lien affectif très fort qui me lie à mon père Noureddine et à travers lui mon grand-père Hedi». Et d’ajouter: «Mon père me poussait inlassablement à découvrir et à vivre son épopée artistique. Il m’apprenait à déceler les styles, les procédés picturaux et les contextes historiques de ses tableaux et de ceux de mon grand-père. J’ai donc été le témoin privilégié depuis mon enfance. À ce sentiment de gratitude s’ajoute un sentiment impérieux, le devoir de perpétuer notre riche héritage artistique dont je me sens la gardienne. L’autre devoir qui m’a toujours habité, et qui devrait nous incomber à tous, c’est de conserver jalousement cet héritage afin de le transmettre intact, pur et inaltéré aux générations futures».
Plus de trois cents pages avec une riche iconographie et une belle collection d’œuvres avec datations et contextes de réalisation, pour raconter le parcours de ces deux grands maîtres.
L’exposition, quant à elle, est à voir et à vivre jusqu’au 31 mars 2023.